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Les Rencontres de l'Art Postal
4 novembre 2008

Soutien à Philippe Pissier

Lisez ceci, l’histoire édifiante de notre collègue l’artiste collagiste et mailartiste  Philippe Pissier ( présent dans le 1er volume de l’art du collage à l’aube du XXIème siècle, édition Artcolle), accusé de trouble à l’ordre public et  passible aujourd’hui de trois ans d’emprisonnement pour avoir osé envoyer - dans le cadre d’une exposition de mail art - quatre cartes postales représentant des seins nus dans le cadre d’une exposition de mail art.

Le mail-art est comme son nom l’indique ( !) un art postal qui consiste à envoyer par la Poste des enveloppes décorées ( le plus souvent par des collages, parfois des dessins, etc. ) la cachet de la poste faisant foi, si on peut dire. En juin 2008, l’artiste Philippe Pissier est invité à participer à une exposition de mail-art érotique en Allemagne. Il envoie donc, dûment timbrées, quatre cartes postales représentant – attention, attention - le buste d’une jolie femme. Détail fatal: elle porte sur chaque sein non pas des piercings mais des pinces à linge… Saisi d’une vertueuse indignation, le centre de tri postal porte immédiatement plainte.

Estimant, sans doute elle aussi, que des images de poitrine féminine sont pornographiques, Isabelle Ardeef, substitut du procureur de la République de Cahors, ordonne une enquête préliminaire. Convoqué à la gendarmerie, Philippe Pissier apprend qu’il est passible de trois ans d’emprisonnement et de 175.000 euros d’amende, en vertu de l’article 227-24 du code pénal. Motif : trouble à l’ordre public et mise en danger du psychisme des enfants par une oeuvre pornographique.

Philippe Pissier proteste: “Je suis majeur, les employés du centre de tri postal sont majeurs, le facteur est majeur et le destinataire est majeur. Je ne vois pas où est le problème.” Le voilà pourtant perquisitionné à son domicile. Le 3 juillet, la brigade de recherche de Cahors emporte son ordinateur et quelques dizaines de ses oeuvres. Depuis… rien. Philippe Pissier, privé de son outil de travail, attend de savoir ce que la justice française lui réserve.

Le 11 septembre, un journal local - L’Echo – titre ironiquement : “Un dangereux artiste démasqué dans le Lot”: “Si une telle image mobilise à ce point les forces de l’ordre, à quoi doivent s’attendre les maisons de la presse, kiosques à journaux, galeries de peinture et musées, où la nudité dépasse souvent abondamment la mise en image d’une paire de seins, même ornée de pinces à linge.” Le journaliste rappelle avec justesse qu’à une certaine époque les papes faisaient mettre des slips aux statues et aux anges des fresques.

Dans la Dépêche du Midi, un confrère, Florian Moutafian, s'interroge avec angoisse: “Va-t-on fermer les musées, les maisons de la presse et arrêter les pubs pour le gel douche (avec poitrines apparentes bien plus accessibles aux mineurs)?”. Maître Baduel, l’avocat de Philippe Pissier, trouve la plaisanterie moins drôle: “Il faut se demander si la shariah est applicable à Cahors, dit-il. Je peux comprendre qu’à Dubai on conseille aux touristes d’éviter le monokini, mais en France? Sommes-nous donc maintenant en terre d’islam?

Au tribunal de Cahors, ni le président ni le procureur de la République ne semblent au courant de l’affaire. Le substitut, Isabelle Ardeef, refuse de communiquer. Officiellement, “l’enquête suit son cours.” Une enquête qui, probablement, amènera les autorités à interdire non seulement les cartes postales grivoises (en vente partout sur notre territoire) mais l’allaitement au sein (une forme sournoise et rampante de pédophilie, à coup sûr). Les mères ne sont-elles pas coupables de montrer leurs seins nus à de si jeunes âmes? Scandale épouvantable, elles se font même titiller les tétons par leur propre progéniture, dans le but – soyons-en certains – de se procurer d’inavouables sensations.

Si vous aussi vous voulez participer de cette grande oeuvre de restauration morale, je vous suggère d’encourager les autorités à combattre les seins nus. Envoyez vos encouragements au TGI de Cahors sous la forme d’une carte postale. Une suggestion au hasard : envoyez la reproduction de ce chef d’oeuvre de l’école de Fontainebleau – Gabrielle d’Estrées – montrant la belle Gaby se faire pincer un téton par sa soeur. Ce tableau est en libre accès au Louvre où tous les enfants peuvent le voir. La Poste portera-t-elle plainte contre vous? Les gendarmes viendront-ils perquisitionner à votre domicile? L’enquête prendra-t-elle un an? ou deux? Récupérerez-vous votre ordinateur en état de marche après avoir purgé votre peine? Cela peut sembler ahurissant – de la science fiction – et pourtant… Cela se passe en France en ce moment.

Un Comité de Soutien se monte en la bonne ville de Cahors.

Son adresse :

Comité de Soutien à Philippe Pissier, c/o Libraithèque « Le Droit à la Paresse », 68 rue Saint-James, 46000 Cahors, France. Tél. 05.65.22.01.51. Contact : Michel Guillaumin, 06.79.89.13.18. ( miguillaumin@wanadoo.fr )

Dans la phase actuelle, celle de la médiatisation, le plus utile est de faire circuler au maximum sur la Toile les divers articles et textes relatifs à cette affaire.

Vos opinions, vos réactions, vos commentaires, faites crépiter vos claviers sur le groupe de l'art du collage :

http://fr.groups.yahoo.com/group/art_du_collage/

Pierre-Jean

Ps : l’information de cette affaire m’a été transmise par Philippe, et j’ai repris le texte d’Oxylos pour le résumer.

http://www.artducollage.com/soutient_a_philippe_pissier_1577.htm

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